Courrier de la préfecture pour une évaluation sociale



Si tu reçois ce type de courrier, c’est que la préfecture est en train d’examiner la demande du concours de la force publique faite par le propriétaire pour t’expulser.

C’est courant (obligatoire ?) dans les procédures d’expulsions locatives, assez rare quand c’est pour un squat. En effet, la préfecture ne prend pas souvent la peine de faire une évaluation de ce type, elle se contente de l’ordonnance d’expulsion du juge et parfois d’un passage des flics sur les lieux pour demander le nombre d’habitant-es, le nombre d’enfants, leurs âges… (pour adapter leurs fameuses « mise à l’abri » de 1 ou 2 nuitées d’hôtels…). Tout dépend des habitudes de la préfecture de ta ville, on t'invite à te rapprocher d'associations ou des copaines dans d'autres squats qui pourront peut-être t'informer.

D’ailleurs dans l’exemple ci-dessous, c’est pour un squat et pourtant la préfecture parle de « résorption de la dette auprès du bailleur », ce qui laisse supposer à des courriers génériques.

On ne sait pas à quel point ça peut jouer pour ralentir ton expulsion, mais si tu as un bon dossier et que ça ne te dérange pas de transmettre des documents à la préfecture, tu peux tenter le coup ! N’hésite pas à donner plus de documents qu’elle demande : certificat médical, priorisation DAHO ou DALO, note sociale…

A ce stade-là, avant ton expulsion, il y a des procédures qui peuvent te permettre de gagner des délais. Attention, ces procédures ne sont pas suspensives ! Donc ça veut dire que tu peux être expulsé même si tu es en train de les faire.

Tu peux faire demander des délais complémentaires devant le JEX (ici : Tuto toto - Saisir le Juge de l'Exécution (JEX))

Tu peux demander la suspension du concours de la force publique (ici : Tuto Toto - Demande de suspension du concours de la force publique )

 

Commandement de quitter les lieux :

Suite Ă  ton procĂšs, le juge a Ă©tabli une date Ă  partir de laquelle tu deviens expulsable (« une date d’expulsabilitĂ© »). A la suite de cette dĂ©cision, tu devrais recevoir un commandement de quitter les lieux, qui donne gĂ©nĂ©ralement un dĂ©lai de 2 mois pendant lesquels tu ne peux pas ĂȘtre expulsĂ©.e. Parfois, ce document arrive dans la semaine qui suit la dĂ©cision du juge, parfois plus tardivement.

Comme l'assignation, l’huissier.e passe au squat pour remettre le document en main propre, si tu es abent.e, tu devras aller chercher ce document directement Ă  son Ă©tude.

Tu peux en voir un exemple ici


-A NE PAS CONFONDRE AVEC LA SOMMATION DE QUITTER LES LIEUX- : le commandement est une information sérieuse, contrairement à la sommation


EnquĂȘte sociale :
Afin de pouvoir reloger les personnes qui sont expulsables, les autoritĂ©s sont obligĂ©es de faire une enquĂȘte sociale pour Ă©valuer les difficultĂ©s des personnes et leur proposer une solution adaptĂ©e. Toutefois, cette enquĂȘte sert souvent Ă  prendre des renseignements sur les personnes et mĂšne rarement Ă  de réélles solutions de relogement. Elle peut ĂȘtre rĂ©alisĂ©e dans un commissariat ou par tĂ©lĂ©phone. 
 
Il en existe deux types : 
  • celle qui est obligatoire en amont de l'expulsion et pour le relogement : c'est  l'enquĂȘte administrative qu'effectue la mairie et/ou la prĂ©fecture. On te demande des papiers de bases du squat : Documents d’identitĂ©s, preuves de prĂ©caritĂ©s, preuves  d'occupation.
  •  Et l’enquĂȘte dans le cadre d’une procĂ©dure judiciaire (si on te met en garde Ă  vue pour un dĂ©lit par exemple). Tu peux la refuser. Dans ce cas lĂ , tu auras une audience par des Officiers de Police Judiciaire, une assistante sociale. Ces gens vont faire une demande d'accĂšs au dossier CCAS ou mĂ©dical et contacter ton lieu  d'Ă©tude, de travail etc... Ce type d'enquĂȘte donne Ă©normement  d'information Ă  la justice et Ă  la police et peut Ă©normĂ©ment charger le  dossier judiciaire (dĂ©boucher sur des obligations de soins, contrĂŽle  judiciaire...etc).

Hébergement d'urgence 115 :
Le 115 est le numĂ©ro d'appel national pour obtenir un hĂ©bergement d'urgence. Selon la loi chaque personne qui appelle Ă  droit Ă  un hĂ©bergement de façon inconditionnel et continue. Dans les faits, l'absence de moyens amĂšne Ă  un grand nombre de rĂ©ponses nĂ©gative ou de pratique abusive (autorisation de 10 nuits par ans et pas plus). Ajouter Ă  ça, les logements d'urgences sont souvent insalubres et/ou inadaptĂ©s aux  minoritĂ©, les espaces de dortoirs sont surpeuplĂ©s et mixtes  (familles/enfants)

Police :
Elle reprĂ©sente l'ordre public et a pour rĂŽle l'application des lois. La police intervient dans les grandes villes. 
Dans le cadre des squats, elle est présente lors des ouvertures pour prendre les informations (preuves, dates, noms) des habitant.es sur places et lors des expulsions.
 
Il y a deux grands corps de polices : Municipale ou Nationale. Dans les expulsions, on trouve aussi d’autres brigades, comme par exemple la BAC ou la police au frontiĂšre... Toutes dĂ©pendent du ministĂšre de l'intĂ©rieur. 

Préfet :
Il existe plusieurs prĂ©fets, de RĂ©gion ou de DĂ©partement. Ce sont des hauts fonctionnaires, dĂ©signĂ© par dĂ©cret par le PrĂ©sident de la RĂ©publique. Ils reprĂ©sentent l’Etat Ă  l’echelle locale, chargĂ© de faire appliquer les lois. Il est le chef de la police et de la gendarmerie sur son territoire. 
Il a le pouvoir de faire des requisitions, mais prĂ©fĂšre bien souvent celui de faire des expulsions. 
 
C’est lui qui est sollicitĂ© par les propriĂ©taires lorsqu’ils souhaitent activer le 38DALO. Il a alors 48h pour rĂ©pondre. Sa dĂ©cision, favorable ou non doit ĂȘtre motivĂ©e. 
 Il tranche plus largement sur les dĂ©marches administratives (il distribu les titres de sĂ©jours et dĂ©livres des OQTF...).